Cette tribune a été publiée sur le média en ligne Place Gre’net.
L’Union des Habitants du Centre-Ville (UHCV) a adressé seize courriers au Maire et aux adjoints de la Ville de Grenoble ces sept derniers mois. Aucun n’a reçu de réponse, malgré les relances, parfois multiples. En 51 années d’existence, l’Union de Quartier n’avait jamais été confrontée à un tel fossé entre les élus et les habitants bénévoles engagés pour leur quartier. Aussi a-t-elle décidé de réagir à ce jamais vu par un autre jamais vu : s’étonner publiquement dans la presse du défaut systématique de réponse des élus, alors que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule en son article n° 15 : « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».
Parvis des droits de l’homme, Grenoble
Les sujets des courriers :
Ils étaient divers : définition du bien commun, exploitation du domaine public, terrasses, sécurité, espaces piétons, entretien de la place Victor Hugo, problèmes de l’avenue Alsace Lorraine. Bref, le menu ordinaire des Unions de Quartiers depuis toujours.
Le contenu des courriers :
Les Unions de Quartiers ont un devoir d’information des habitants. Faute de réponses, l’UHCV a donc publié la majorité de ces courriers sur une page internet intitulée « courriers en longue attente », en même temps qu’elle adressait une relance à leurs destinataires. Ils peuvent y être consultés.
Quelques-uns des principaux points :
Les courriers de l’Union de Quartier étaient-ils vides d’importance pour être ainsi ignorés ? Aux lecteurs de cette tribune d’en décider, au vu de ce récapitulatif de quelques-uns des principaux points, listés en vrac :
- L’espace public, un bien commun, ce qui appelle à l’application d’une limite à la densité des terrasses pour qu’il y ait un équilibre. La tranquillité et la santé sont en jeux, le bruit étant la nuisance n°1 selon les français.
- La prise en compte de la question de l’entretien dans les nouveaux aménagements.
- La demande que le discours de la lutte « contre les incivilités routières, notamment en zone piétonne » devienne une réalité face à la présence massive des deux roues dans les lieux piétons. En commençant par l’interdiction des scooters comme à Montpellier et à Nantes.
Deux-roues dans les rues piétonnes du centre-ville de Grenoble
- La demande d’une solution durable aux dérives sur l’avenue Alsace-Lorraine, que les habitants ne sont pas seuls à dénoncer et cela depuis beaucoup trop longtemps.
- Les 7 points laissés sans réponse concernant la piétonnisation du secteur Sainte-Claire / Notre-Dame.
- Le bien commun des places de stationnement et leur occupation grandissante par des terrasses non démontables pendant la saison froide.
Places de stationnement inutilement occupées l’hiver au centre-ville de Grenoble
Les destinataires des courriers :
C’est bien logiquement à l’élu de secteur, ou plutôt au « Maire adjoint du Secteur 2 » selon l’intitulé dans le mandat actuel, que l’Union de Quartier s’est le plus souvent adressée, conformément à ce que demande l’organisation municipale en place. Pas moins de douze courriers attendent toujours sa réponse.
Nombreux aussi ont été les courriers à la personne multi fonctions qu’est l’adjoint « nature en ville, espaces publics, biodiversité et fraîcheur, mobilités ». Cinq pour être précis, certains sur de gros sujets (la piétonnisation de Sainte-Claire / Notre Dame), d’autres sur des points très basiques relatifs à l’entretien de l’espace public. Aucun n’a reçu de réponse, pas même celui qui interrogeait simplement sur la peinture des bancs publics.
La sécurité à Grenoble étant ce qu’on sait, plusieurs courriers sur cette question ont inévitablement fait partie du lot, adressés à l’adjointe « Tranquillité publique et Temps de la ville », c’est-à-dire à la responsable de la Police Municipale par délégation du Maire. Pas la moindre réponse, pas même d’accusé de réception, ni sur la sécurité ni sur la simple question du respect des règles d’occupation du domaine public.
Pas de retours non plus de l’adjoint « commerces, artisanat, économie locale et vitalité de proximité », ni de l’adjoint à la « coordination de l’action sociale » (qui peut être excusé car il ne lui a été écrit qu’une seule fois, mais avec tout de même deux relances ).
Last but not least : aucun signe de vie du Maire de Grenoble et nouveau président de l’Observatoire International de la Démocratie Participative (OIDP) que l’Union de Quartier a interrogé à deux reprises : une première fois concernant les piétons et les zones piétonnes, une deuxième à propos de l’excès de privatisation du domaine public et du bruit qui en découle. Ni le Maire ni aucun membre de son cabinet n’ont répondu.
Le Maire de Grenoble à Abidjan (source twitter) pour l’Observatoire International de la Démocratie Participative
Notre demande :
Puisse cette tribune faire réagir pour que soit rétabli l’échange entre les élus de Grenoble et les Unions de Quartiers, qui sont le pilier local de la « Démocratie participative » dont on parle tant et qui ont largement précédé l’invention de cette terminologie. Telle est la demande que l’exigence démocratique nous conduit à formuler.
Le Conseil d’Administration de l’Union des Habitants du Centre-Ville (UHCV)
Le silence des élus : la Démocratie grenobloise à l’épreuve des faits